L'ÉQUIPE DE DIRECTION
Une équipe internationale et interdisciplinaire
Le projet est mené par une équipe internationale qui concrétise son ambition de complémentarité disciplinaire, méthodologique et aréale. Cette équipe s’est progressivement constituée à partir de collaborations au sein des laboratoires dont sont issus les membres de l’équipe (Mondes américains ; Lier-Fyt ; ICT), et dans le sillage de programmes de recherches collectives dont découle la réflexion qui porte le présent projet (« NI2 », ANR, 2014-2017 ; « Transformations », FMSH, 2018- 2020).
Maud Chirio
Maître de Conférence, Université Gustave Eiffel et Institut Universitaire de France, Laboratoire d’Analyse Comparée des Pouvoirs (ACP - EA3350), Histoire contemporaine, Brésil.
Maud Chirio est spécialiste de la dictature militaire brésilienne (1964-1985), plus particulièrement du militantisme des militaires extrême droite à cette période et durant la Nouvelle République, ainsi que de l’appareil répressif. Elle est l’auteure de La politique en uniforme. L’expérience brésilienne, 1960-1980 (PUR, 2016) également publié en portugais et en anglais, et co-organisatrice de Pacificar o Brasil (Alameda, 2017), Crise política e virada conservadora no Brasil (Prisma, 2021) et de Mon Cher Lula. Lettres à un président en détention (Anamosa, 2022) également publié en portugais et en espagnol. Dans le cadre du projet, elle explore la persistance et le renouvellement de logiques d’ennemisation dans les milieux militaires brésiliens après la dictature, et leur écho dans l’espace public. Elle est coresponsable de l’axe 2 “Transformations” du projet.
Théo Leschevin
Post-doctorant, Université Paris Cité, Identités-Cultures-Territoires (UR 337), Sociologie, Royaume-Uni et Irlande.
Théo Leschevin est sociologue, spécialiste de la place des communautés dans les sociétés modernes, de leur rapport à l'État et des conflits qui les entourent. Ses travaux portent sur les relations entre catholiques et protestants en Irlande du Nord. Dans le cadre du projet, il enquête sur la production de connaissance au sujet des paramilitaires et de leurs ancrages dans les zones urbaines défavorisées. Il met également en place une base de données comparative « Droit de l’Ennemi », qui consiste à collecter, analyser et classer les normes juridiques (législations, règlements, jurisprudences) édictées dans l’intention spécifique de faire face à des « ennemis intérieurs ». Il a récemment publié « Renégocier le code. Distinction communautaire et pacification urbaine en Irlande du Nord », Sociologie, 2022, 13, 2, p. 143-158, et « Au pied du mur : La réflexivité entravée des protestants et catholiques de Belfast quant à leurs interdépendances », Sociologie politique de Norbert Elias, 2022, Paris, EHESS.
Noor Nieftagodien
Professeur, Université of the Witwatersrand Johannesburg, Histoire, Afrique du Sud.
Noor Nieftagodien est historien, spécialiste de l’Afrique du Sud. Ses premières recherches se concentrent sur l’histoire urbaine, et plus précisément sur la production d’espaces urbains « noirs » durant l’apartheid. Il se penche désormais sur les violences qui accompagnent la lutte contre le régime politique, et leurs conséquences sur les imaginaires et les pratiques de l’émancipation. Dans le cadre du projet, il se penche sur la qualification des protestations au sein des townships de Johannesbourg dans les années 1980.
Arturo Zoffmann
Arturo Zoffmann Rodríguez is aJunior Researcher at the Institute of Contemporary History (IHC) of the NOVAUniversity Lisbon with a CEEC-FCT contract. His project at the IHC explores the history of state repression and paramilitary violence in post-First World War southern Europe.
He was previously based at the National Autonomous Universityof Mexico (UNAM), where he worked on a post-doctoral project on the connections between the Mexican and the Russian Revolutions. In 2019, he completed his PhD at the European University Institute in Florence. His thesis explored the impact of the Russian Revolution on the Spanish anarchist movement. Previously,he obtained his MPhil at the University of Oxford and his BA at UniversityCollege London. His work has been published in journals such as the International Review of Social History, the European History Quarterly, and Slavic Review. He has taught Russian and Soviet, Spanish, and European history as a visiting professor at the University of Barcelona, the Colegio de México, and the Federal University of Alagoas (Brazil). His monograph The Spanish Anarchists and the Russian Revolution was published with Routledge in October 2023
Maria Laura Reali
Maîtresse de conférences, Université Paris Cité, Identités-Cultures-Territoires (UR 337) et Mondes Américains (UMR 8168), Histoire, Argentine et Uruguay.
Les recherches de Maria Laura-Reali portent sur le cycle de soulèvements armés finiséculaires en Argentine et en Uruguay (1890-1905). Dans une perspective comparatiste et connectée, elle étudie l'évolution du cadre normatif appliqué afin de juger les délits politiques, interpréter et appliquer des normes. Ce travail part de l’hypothèse que les écarts que l’on peut observer, remettant en cause la catégorie de « norme » et « d’exception », relèvent aussi bien des lacunes et angles morts du corpus normatif, que de la manière dont les normes sont interprétées différemment en fonction des groupes d’individus auxquelles elles s’appliquent – notamment en fonction de leur appartenance à la sphère civile ou militaire. Ces dernières publications incluent Herrera. La revolución del orden (2016) et Guerras civiles (coord. avec Ariadna Islas, 2018).
Marina Franco
Professeur, Université Nationale de San Martín, Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Tecnológicas, Histoire, Argentine
Les recherches de Marina Franco portent sur l'histoire du temps présent, l'histoire de la mémoire et l’histoire de la violence d’état au XXe siècle en Argentine, notamment sur la dernière dictature militaire, la transition démocratique et les décennies 1970-1980 en Argentine. Elle a été professeure et chercheuse invitée dans plusieurs universités au Chili, en Uruguay, au Brésil, en Canada et en France. Ses dernières publications comprennent El exilio (Siglo XXI, 2008); Un enemigo para la Nación (FCE, 2012) et El final del silencio (FCE, 2018), et la direction des ouvrages collectifs La guerra fría cultural en América Latina (avec Benedetta Calandra, Biblos, 2012); Democracia hora cero. Actores políticas y debates en los inicios de la posdictadura (avec Claudia Feld, FCE, 2015), et Ditaduras no Cone Sul (avec Hernán Ramírez, Civilización Brasileira, 2021). Elle est responsable de l’axe 3 “Institutionnalisations” du projet.
Ernesto Bohoslavsky
Enseignant-chercheur, Université Nationale de General Sarmiento, Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Tecnológicas, Histoire, Cône Sud de l’Amérique Latine
Les recherches de Ernesto Bohoslavsky portent sur l'histoire transnationale et comparée des droites au XXe siècle en Argentine, au Brésil et au Chili, notamment sur les groupes anticommunistes et leurs pratiques violentes pendant la période 1920-1970. Il a été professeur et chercheur invité dans plusieurs universités en Argentine, au Chili, en Uruguay, au Brésil, et en France. Ses dernières publications comprennent El complot patagónico. Nación, conspiracionismo y violencia en el sur de Argentina y Chile (siglos XIX y XX) (Prometeo, 2009); Laicidad y América latina. Política, religión y libertades desde 1810 (UNAM, 2013) et Historia mínima de las derechas latinoamericanas (El Colegio de México, 2023), et la direction des ouvrages collectifs Las derechas argentinas en el siglo XX (avec Olga Echeverría et Martín Vicente, Unicen, 2021); Las derechas ibero-americanas. Desde el final de la Primera Guerra hasta la Gran Depresión (avec David Jorge et Clara E. Lida El Colegio de México, 2019), et Circule por la derecha. Percepciones, redes y contactos entre las derechas sudamericanas, 1917-1973 (avec João Fábio Bertonha, UNGS 2016).
Laurent Bonelli
Maître de Conférence, Université de Paris Nanterre, Institut des sciences sociales du politique (UMR 7220), Science Politique, France.
Laurent Bonelli est co-rédacteur en chef de la revue Cultures & Conflits, spécialisé dans les questions de contrôle social, de police et de justice criminelle, de surveillance et de lutte contre le terrorisme et contre la radicalisation. Il a récemment publié, avec Fabien Carrié, La Fabrique de la radicalité. Une sociologie des jeunes djihadistes français (Paris, Le Seuil 2018) et avec Francesco Ragazzi « La lutte contre la "radicalisation". Genèse et expansion d’un nouveau lieu commun administratif en France et dans l’Union européenne », Archives de politique criminelle, n°41, 2019, pp.119-145. Dans le cadre de ce projet, il travaille sur les dispositifs de cadrage de l'inimitié par les services de renseignements intérieurs français et leurs évolutions. Il est coresponsable de l’axe 2 “Transformations” du projet.
Romain Bonnet
Post-doctorant, Institut Universitaire Européen de Florence, Histoire, Europe Méridionale
Romain Bonnet a obtenu son doctorat en juin 2016 à l'Institut universitaire européen de Florence (IUE), au département d'histoire et de civilisation. Sa thèse s’intitule "La Terre et le Plomb. Violence politique, question agraire et crise du parlementarisme libéral dans l'Italie du premier après-guerre (1918-1922) et dans l'Espagne républicaine (1931-1936)". Ses recherches s'appuient sur une approche interdisciplinaire, comparative et transnationale de l'histoire de la violence politique dans les sociétés principalement rurales après la Première Guerre mondiale en Italie (1918-1922) et dans la Seconde République espagnole (1931-1936). Ajouté aux évenements de 1910-1912 au Portugal, l’ensemble de ces périodes témoignent de plusieurs pics de violences qui ont marqué les sociétés rurales de l’Europe Méridionale à des moments de transitions politiques charnières à la fin du long 19e siècle. Cela lui permet d’enquêter sur la "Méditerranée solide" (Lucien Febvre) et la persistance d'une question européenne méridionale. Il a depuis travaillé sur les violences politiques en métropole Française et dans les colonies (1870-1914).
Anna Shapovalova
Post-doctorante, Università di Bologna, Alma Mater Studiorum, Histoire, Russie.
Anna Shapovalova a soutenu, sous le direction de Susanne Schattenberg, une thèse sur les procès staliniens « pour l’exemple » dirigés contre les membres de l’intelligentsia technique, considérés par le pouvoir politique comme des ennemis intérieurs. A partir de ce travail, elle a notamment contribué à la publication d’archives sur le procès du « Parti Industriel » et publié plusieurs articles sur la campagne de propagande internationale les accompagnant. Dans le cadre du projet, elle interroge les transformations du répertoire de l’ennemi en Russie impériale, puis en URSS, et son rôle dans les grands procès dits « politiques ». Cela passe par l’étude de trois périodes d’intense activité en la matière : les années 1870-1880, la sortie de la guerre civile, et le tournant des années 1930.
Frédéric Spiellemaeker
Post-Doctorant, Institut Français d’Études Andines de Bogota, Histoire, Colombie
Les recherches de Frédérick Spillemaeker portent sur les transformations de l'autorité politique à l'âge des révolutions atlantiques (1770-1848, en particulier sur l’émergence de chefs de guerre issus de catégories subalternes des sociétés coloniales – latino-africaines et amérindiennes notamment. Il se concentre actuellement sur les tensions rencontrées par les Républicains Hispano-Américains pour concilier les normes légales républicains, et leur volonté de combattre les loyalistes, parfois jusqu’à la guerre. Ces difficultés se traduisent par la mise en place de politique d’exception. Ses dernières publications incluent « Movilizaciones subalternas y desafíos al orden colonial en Venezuela a finales del siglo XVIII », Mélanges de la Casa de Velázquez, 2022, 52-1, et « Masculinité guerrière et césarisme patriarcal dans l’Indépendance du Venezuela au XIX siècle », Femmes, Genre, Histoire, 2021, 53.
Vincent Bollenot
ATER, Université Lyon 3 et Université Paris 1, SIRICE (UMR 8138), Histoire, France
Le travail de Vincent Bollenot porte sur le renseignement politique ciblant les colonisés dans la métropole impériale française dans la première moitié du XXe siècle. J’ai notamment publié « Surveiller les mobilisations, se mobiliser sous surveillance. Articuler histoire du renseignement et histoire des mobilisations en situation impériale » (Genèses, n°120, p. 112-130). Dans le cadre du projet, il prolonge ces questionnements en interrogeant la manière dont la présence de colonisés en France est conçue à cette époque comme un problème public.
Rottem Rosenberg-Rubins
Assistant Professor, College of Law and Business in Ramat-Gan, Droit, Israël.
Le principal domaine d'expertise de Rottem Rosenberg-Rubins est le droit pénal, l'essentiel de ses recherches portant sur les relations entre le droit pénal, l'immigration et la citoyenneté. Ses recherches portent sur la recherche d’un nouvel équilibre entre le "droit pénal de l'ennemi" et le "droit pénal du citoyen" dans la législation antiterroriste contemporaine d'Israël, et ses implications potentielles sur le statut de membre des résidents palestiniens des territoires occupés. Elle est l'auteur de "Crimmigration under International Protection : Constructing Criminal Law as Governmentality' (à paraître chez Routledge) et a également publié plusieurs articles dans des revues juridiques de premier plan.
Dominique Linhardt
Chargé de Recherche, CNRS, LIER-FYT (UMR 8065), Sociologie, Allemagne.
Les travaux de Dominique Linhardt portent sur la sociologie de l’État, les violences politiques, leurs transformations, ainsi que les manières dont les États et les institutions internationales auxquelles ils participent y répondent. Il s’intéresse à la façon dont les menaces et les violences contribuent à la fois à défaire et à refonder, aux échelles nationales et internationales, les cadres institutionnels et normatifs dans lesquels opèrent les rapports politiques. Il a récemment publié avec Cédric Moreau de Bellaing, « A Throwback to Violence? Outline for a Process-Sociological Approach to ‘Terror’ and ‘Terrorism’ » in Florence Delmotte & Barbara Górnicka (dir.), Norbert Elias in Troubled Times: Figurational Approaches to the Problems of the Twenty-First Century, Cham, Palgrave Macmillan, 2021, p. 159-178 et « Ne sera pas réputé délit politique ». Regard sociologique sur le déclin des infractions politiques dans le traitement judiciaire du terrorisme, in Julie Alix & Olivier Cahn (dir.), Terrorisme et infraction politique, Paris, Mare et Martin, 2021, p. 45-63. Il est responsable de l’axe 1 “Ennemisation” du projet.
Alexandre Dupont
Maître de Conférence, Université de Strasbourg, Arts, Civilisation et Histoire de l’Europe (UR3400), Histoire, France, Espagne et Portugal.
Les recherches d’Alexandre Dupont portent sur les circulations contre-révolutionnaires transnationales, sur les résistances populaires au libéralisme en milieu rural, ainsi que sur une étude de la frontière au XIXe siècle comme espace politique à part entière. Dans le cadre du projet, il enquête sur les réseaux d’agents royalistes transnationaux, principalement français, espagnols et portugais, qui se mobilisent pour fomenter des contre-révolutions dans leurs pays d’origine au cours des années 1830, faisant peser une menace globale sur les régimes libéraux qui émergent alors dans l’ouest de l’Europe. Il a publié en 2020 un livre tiré de sa thèse, Une internationale blanche. Histoire d’une mobilisation royaliste entre France et Espagne dans les années 1870, paru aux Éditions de la Sorbonne et traduit aux Prensas de la Universidad de Zaragoza.
Alexandre Rios-Bordes
Maître de Conférence, Université Paris Cité, Identités-Cultures-Territoires (UR 337), Histoire, États-Unis.
Alexandre Rios-Bordes est porteur principal du projet Ennemi. Spécialiste de l’histoire contemporaine et du premier XXe siècle, il travaille sur l’histoire de la guerre en tant que problème de gouvernement, et plus particulièrement sur l’histoire de la sécurité nationale. Ses recherches portent sur les services de renseignements de l’armée américaine, et l’institutionnalisation progressive de la surveillance politique des populations civiles. Dans ses différents travaux, Alexandre Rios-Bordes met en lumière une contradiction, celle de la mobilisation croissante de dispositifs, de procédures et de discours relatifs à la “guerre” en temps de paix et au sein de la sphère domestique, espace dont les forces armées avaient été, jusqu’à la fin du XIXe, institutionnellement, juridiquement et socialement évacuées. Il prolonge les surveillance studies en déployant une analyse sociohistorique de cette contradiction, qui travaille dès l’origine l’entreprise de surveillance politique. Ce fil conducteur se retrouve au coeur du projet Ennemi : comprendre la façon dont les États contemporains s’accommodent de l’étiolement de la séparation entre ordre extérieur et ordre intérieur, étiolement dont l’accroissement des luttes et des controverses liées à des “ennemis intérieurs” est un des principaux symptômes. Alexandre RIos-Bordes est notamment l’auteur de Savoirs de l’ombre : la surveillance militaire des populations étasuniennes (1917-1941), publié en 2018 aux éditions de l’EHESS, et de «Une surveillance sous tensions. Sociohistoire d’un arrangement sécuritaire en contexte démocratique. États-Unis, premier XXe siècle », Cultures et conflits, 2019/2, n° 114-115, p. 79-108.
L’ampleur et la dimension internationale de l’équipe témoignent de la nécessité scientifique de fonder l’approche sociohistorique sur des enquêtes à la fois empiriquement solides et suffisamment diversifiées. Elle permet également de bénéficier des expertises thématiques et aréales indispensable à la conduite d’un travail à la fois comparatif et circulatoire.
Dans le cadre du projet, chaque chercheur.euse :
1. Travaille à titre principal sur un cas d’étude précis passé au crible du questionnaire établi ;
2. Engage des enquêtes comparatives ciblées, rythmées par le calendrier de travail collectif ;
3. Contribue, à mesures de son expertise et de ses données, aux collectes transversales – constitution de la base de donnée « droit de l’ennemi » – et à l’examen des dynamiques circulatoires